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Les temps de la narration : quand vos personnages deviennent des voyageurs spatio-temporels (1/3)

  • Photo du rédacteur: Coline Perrone
    Coline Perrone
  • 27 févr. 2024
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 mars 2024



Quand on se lance dans un nouveau roman, on pense avant tout à la problématique de l'intrigue et aux valeurs auxquelles va se référer un personnage. On va se focaliser sur le pourquoi on écrit cette histoire ? Mais la forme est tout aussi importante. Et ne pas savoir concorder les temps peut nuire gravement à la cohérence de votre récit. Mais voyons cela de plus près...


Qu'entend-t-on par temps de la narration ?


Quand on parle de temporalité dans l'écriture, il y a deux notions à distinguer : le temps du récit versus le temps de la narration.

Le temps du récit correspond à la période à laquelle l'intrigue se déroule : l'Antiquité, les années 20, la Seconde Guerre mondiale, l'an 2156... Bref vous avez compris l'idée. Cela vaut aussi pour des récits en Fantasy ou en SF. Ancrer son histoire dans une période est très important pour la cohérence globale de l'univers.

Le temps de la narration, ou temps de l'énonciation est le moment auquel on raconte l'histoire. Le narrateur vit-il l'action au présent ou au passé ? Rappelons-nous que, même dans le futur, nous pouvons parler au présent.

Exemple 1 du présent dans le futur : Nous sommes en 2080, dix ans après le tsunami qui ravagea la côte Ouest. L'accès à la nourriture est compliqué...

Exemple 2 du passé dans le passé : Je marchais tranquillement dans les jardins du Petit Trianon quand Marie Antoinette apparut dans son attelage de quatre chevaux...


Quels sont les temps de la narration ?


Maintenant que ces notions sont bien comprises, rentrons dans le vif du sujet. Il existe deux temps dans la narration : le présent et le passé. Jusque là, rien de bien compliqué. Mais ensuite, il est nécessaire de distinguer les temps verbaux à utiliser. Et c'est là que ça se gâte et que l'on a envie d'insulter copieusement la langue de Molière. Mais calmons-nous, les règles ne sont pas si complexes qu'on le pense. Regardons cela en détail.


La narration au présent

  • Le présent : on l'utilise pour raconter l'action et l'enchaînement des évènements.

  • Le passé composé : pour raconter une action au passé (le narrateur se souvient de ce qui lui est arrivé la veille par exemple).

  • L'imparfait : pour raconter une action qui dure dans le passé (plutôt descriptif ou pour un fait établi).

  • Le futur : pour raconter un évènement qui ne s'est pas encore produit, logique.


Exemple : C'est l'heure, nous nous habillons pour la bataille. J'enfile mon armure en évitant de repenser à Sylvain, mon frère d'armes. Il était le meilleur guerrier que j'ai jamais connu. J'espère que d'ici demain, personne ne le rejoindra au Valhalla.


La narration au passé

  • Le passé simple : utilisé pour raconter l'action et l'enchaînement des évènements.

  • L'imparfait : utilisé pour les passages plutôt descriptifs et/ou commentés

  • Passé antérieur et plus-que-parfait : utilisés pour parler du passé dans le passé

  • Le conditionnel présent : utilisé pour le futur du passé


Exemple : Le couple marchait le long du canal quand une moto surgit sur le chemin de terre. Que faisait-elle ici ? Le conducteur habillé en noir freina fort et s'arrêta à quelques centimètres des amoureux sidérés.


Et du coup : quel temps choisir ?


Le temps choisi est bien sûr à l'appréciation de chacun. Au présent, le lecteur sera au plus proche de l'action. Le narrateur vit en direct ses péripéties et on l'accompagne dans ses choix.

Au passé, on donne une impression de décalage entre l'action et le moment où le lecteur découvre l'histoire. Néanmoins, cela ne l'empêche pas d'être trépidante et le temps n'influe pas sur le rythme du récit, cela étant plutôt lié au style de l'auteur et à l'enchaînement des actions et des passages descriptifs.

Donc les deux se valent et il est nécessaire de privilégier le temps avec lequel on est le plus à l'aise, qui nous semble le plus naturel.

Le choix se fait généralement en même temps que celui du type de narration (1re personne, 3e personne ou omnisciente). Mais nous parlerons de cela dans un prochain article étant donné qu'il s'agit d'un sujet à part entière.



Les erreurs les plus courantes


Voici quelques erreurs les plus courantes que je retrouve fréquemment quand il s'agit de concordance des temps :


Passer du passé au présent et inversement :

Quand un auteur est pris par l'action pendant l'écriture (oui, il est fréquent de se faire happer par sa propre histoire), il peut commettre une faute récurrente, mais impardonnable : celle de changer le temps de la narration. Cela arrive généralement quand le récit est au passé, et que l'auteur passe au présent pour une scène d'action. Et il n'y a rien de tel pour faire sortir le lecteur de l'histoire. Si l'erreur se répète souvent, cela signifie peut-être que l'auteur a mal choisi le temps de narration. Cela peut être intéressant de modifier l'un des chapitres pour voir si changer le temps de la narration n'améliorer pas le rythme et le style du récit.


Inverser le futur et le conditionnel présent :

Aïe ! Voilà une erreur des plus courantes, car les terminaisons des verbes du premier groupe se ressemblent beaucoup. Alors pour la dernière fois :

Je + verbe du 1er groupe + ai = futur / Exemple : je marcherai dans la montagne demain (c'est sûr que je marcherai demain).

Je + verbe du 1er groupe + ais = conditionnel / Exemple : je marcherais bien dans la montagne demain (j'aimerais bien aller marcher demain).


Inverser le passé simple et l'imparfait :

Même type d'erreur, on a tendance à inverser le passé simple et l'imparfait à la première personne des verbes du premier groupe.

  • Tu ne peux pas monter sur la table, expliquai-je à mon fils.

  • Tu ne peux pas monter sur la table, expliquais-je à mon fils.

Et la bonne réponse est.......... La numéro 1. Dans un dialogue où le temps de la narration est le passé, les incises sont écrites au passé simple (et non pas à l'imparfait). Ne pas hésiter à passer à la 3e personne pour retrouver le temps à utiliser.


Et voilà pour ce petit débrief sur les temps de la narration. Nous nous arrêterons une prochaine fois sur le type de narration, qui est un sujet tout aussi passionnant. En attendant, pas de panique si la conjugaison est votre Némésis. Faites-vous relire par un correcteur professionnel qui saura vérifier la forme de votre manuscrit pour que vous puissiez vous concentrer sur le fond !


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