La narration, une question de point de vue (2/3)
- Coline Perrone
- 2 mars 2024
- 3 min de lecture

Nous voici partis pour un deuxième article sur le thème de la narration. Et quand on parle de point de vue dans la narration, on ne parle pas d'avis. Non, il s'agit du point de vue utilisé pour le narrateur. Vais-je faire parler le personnage principal ? Est-ce que je préfère plutôt un point de vue omniscient ? Et pourquoi n'utiliserais-je pas le point de vue de plusieurs personnages ? Toutes ces situations sont parfaitement valables, le choix dépendant uniquement de la volonté de l'auteur. Regardons cela plus en détail...
Le point de vue interne
Il s'agit ici de raconter l'histoire du point de vue du héros ou de l'héroïne. Le lecteur aura ni plus ni moins d'informations que le personnage principal.
À la première personne
Le lecteur vit l'histoire au plus proche du personnage principal. Il ressent ses émotions, il supporte les mêmes contraintes, les mêmes incertitudes. C'est le point de vue le plus empathique. Le lecteur s'identifie véritablement au personnage.
C'est le point de vue le plus utilisé en romance ou en romantasy (romance fantasy).
À la troisième personne
Le lecteur suit toujours le personnage principal mais avec un peu plus de distance. Il prend de la hauteur. C'est un point de vue qu'on retrouve beaucoup dans les romans policiers et les thrillers. Le lecteur subit les inquiétudes et les angoisses de l'enquêteur, mais se détache un peu plus de ses émotions. On a un point de vue plus global de l'intrigue.
Dans les deux cas, l'auteur peut jouer avec l'alternance des points de vue. C'est très utile pour accentuer l'attachement des personnages. En romance, le lecteur a ainsi accès au point de vue des deux amoureux et peut mieux comprendre les sentiments de chacun. Dans un roman policier, le lecteur peut suivre le point de vue de l'enquêteur et du meurtrier. En comprenant les choix de ce dernier, le lecteur se retrouve à avoir de l'empathie pour lui et se retrouve déchiré entre son envie de l'arrêter et celui de lui donner une seconde chance. Mais en adoptant plusieurs points de vue, l'intrigue perd en suspens. Attention à ne pas faire retomber l'intérêt de l'histoire comme un soufflet.
Il y a aussi la possibilité d'alterner les points de vue en ne gardant la première personne que pour le personnage principal, et la troisième personne pour les personnages secondaires.
Le point de vue externe
Le lecteur devient uniquement spectateur. Il suit l'histoire, mais sans connaître les pensées intimes des personnages. Les personnages en eux-mêmes sont alors au service de l'histoire et non l'inverse. Les romans historiques ou documentaires sont les plus concernés. L'analyse d'une période, d'une situation ou même d'un peuple prend le pas sur les protagonistes. Idem pour une biographie (à ne pas confondre avec autobiographie), où l'auteur essaye de raconter de façon plus ou moins objective la vie d'une personnalité sans passer par le prisme des émotions.
Le point de vue omniscient
Alors ici, le lecteur sait tout sur tout : le passé des personnages, les dessous cachés de l'intrigue, les points de vue de chacun. Bref, le lecteur en sait - beaucoup - plus que les personnages. Ce choix de narration se retrouve en héroïque fantasy où l'auteur décrit les peuples, les lieux, les dynasties, etc. Bref, il donne suffisamment d'informations pour que le lecteur pénètre dans un nouveau monde.
Conclusion
Comme vous l'aurez compris, chaque style narratif se défend et dépend entièrement de la volonté de l'auteur. Il arrive même qu'un auteur utilise deux styles de narration différents entre deux tomes d'une même série. Après tout, il n'y a pas d'obligations. Personnellement, je le déconseille, car je trouve cela assez déconcertant pour le lecteur. Sans compter que l'auteur n'est pas forcément aussi à l'aise avec les deux styles.
Ouf ! Voilà de nombreuses possibilités qui peuvent faire beaucoup hésiter l'auteur qui commence un nouveau roman. Mais ne vous posez pas trop de questions, et lancez-vous simplement. La première ligne est souvent la bonne !